Jenna Marvin
La pratique artistique de Jenna Marvin explore le corps et ses transformations à travers la performance, les arts plastiques et l'expérimentation sculpturale. Ses performances abordent l'instabilité de l'identité à l'ère des changements technologiques et biologiques.
Le corps devient le champ de bataille des conflits culturels, politiques et de genre, où le démantèlement des visions anthropocentriques ouvre la voie à de nouvelles formes d'existence.
Dramatique, son esthétique fait référence à la culture activiste drag et à l'actionnisme viennois. Les premières associations qui viennent à l'esprit sont les « Anagrammes » du corps de Hans Bellmer et les « Formes uniques de continuité dans l'espace » d'Umberto Boccioni. Son travail évoque des performances chaotiques et burlesques fusionnées avec un théâtre ritualiste, qui rappellent les danseurs de butô ou les paysages oniriques d'Artaud.
Jenna Marvin déconstruit les symboles traditionnels du pouvoir, de l'autorité et de la masculinité, en introduisant des figures fragiles, douloureuses et étranges, qui s'expriment à travers ses personnages hybrides, absurdes et troublants. Les thèmes de la violence, de la peur, de l'aliénation et du désespoir —éléments qui définissent la région où elle est née, dans le nord de la Russie, autrefois siège des goulags de l'ère soviétique et aujourd'hui considérée comme le cimetière des vivants — sont sublimés dans les gestes de ses créations, allant au-delà de la simple représentation. La figure centrale est le corps-objet exproprié, torturé et humilié, lieu de maladie et de mort, mais aussi instrument de réappropriation d’une identité choisie.
Née en 1999 à Magadan, en Russie, Jenna Marvin est une artiste performeuse dont le travail explore la relation entre le corps, l'espace et la performance publique. En 2018, elle s'installe à Saint-Pétersbourg.
En mars 2022, elle quitte la Russie et s'installe à Paris, où elle poursuit son développement artistique. Son travail a été présenté dans des expositions collectives, notamment « Doh Ayay » à Poush, Paris (2024), à l'Atelier des artistes en exil (2024). En septembre 2024, elle a exposé à Milan aux côtés d'Anastasia Kreslina, puis à Turin en octobre (2024). Elle collabore avec Michèle Lamy, notamment sur la performance « Be the Change » à Venise (2024).
En 2025, Jenna Marvin a été mise à l'honneur dans le documentaire « Queendom », réalisé par Agniia Galdanova et présélectionné aux Oscars. Le film dépeint ses performances publiques radicales à Moscou, mêlant art et activisme en défi aux
lois anti-LGBTQIA+ de la Russie.